Comment développer une bonne cohésion de groupe ?
La cohésion de groupe
Avec les observations que nous avons faites dans nos milieux de stage, nous avons remarqué qu’il est très important d’avoir une bonne cohésion de groupe pour pouvoir avoir un climat propice aux apprentissages. Nous avons aussi constaté que pour avoir un meilleur climat de classe, nous devons avant tout travailler les habiletés sociales avec les élèves. « Lorsque l’environnement est caractérisé par des relations positives, cela crée un climat chaleureux et sécurisant où les différences individuelles peuvent être perçues comme des occasions de s’ouvrir aux autres et d’apprendre à les connaitre et à les apprécier » (MELS, 2015). Pour avoir des relations positives dans la classe, il faut d’abord enseigner aux élèves comment ils doivent faire, leur définir les comportements attendus. « Les programmes d’enseignement des habiletés sociales font partie d’une saine gestion de classe. Ils peuvent donc être mis en place par l’enseignant dès le début de l’année scolaire et adaptés ensuite, par l’enseignant lui-même ou par un membre des services éducatifs complémentaires, pour mieux répondre aux besoins particuliers de certains élèves » (MELS, 2015).
Les niveaux de cohésion de groupe
La cohésion d'un groupe peut se situer à différents niveaux : le niveau des proximités, le niveau des appartenances, celui des solidarités ainsi que le niveau des confiances (St-Yves, 1973). Dans un groupe-classe, les niveaux les plus couramment atteints sont ceux des proximités et des appartenances. En effet, les élèves se côtoient à tous les jours dans le même environnement physique où ils entrent en contact les uns avec les autres. C’est ce que St-Yves nomme le niveau des proximités. Dans certaines classes, il est possible de reconnaître le niveau des appartenances. L’atteinte de ce niveau se caractérise par un sentiment d’identification au groupe partagé par les élèves qui le forme. C’est aussi à ce niveau qu’on peut observer la formation de sous-groupes. Les deux autres niveaux correspondent moins à la dynamique d’un groupe-classe. (Pepin, 2015) Cela étant dit, il est possible que dans certaines circonstances un groupe se retrouve au niveau des solidarités; dans une situation d’urgence, à la suite d’un drame, où on se mobilise en tant que groupe. Le niveau des solidarités survient lorsque tout le monde fait preuve de solidarité et de confiance. En ce qui concerne le niveau des confiances, il fait référence à un groupe où ≪l’amitié est partagée dans le groupe en tant que groupe≫ (Pepin, 2015). Ce niveau fait davantage penser à une relation familiale. Il n’est que très rarement atteint par des groupes d’individus formés aléatoirement, comme c’est le cas dans un groupe-classe. En revanche, ce n’est pas parce qu’il est difficilement atteignable qu’il n’est pas souhaitable. Plus le groupe atteint un niveau de cohésion élevée, meilleures seront les relations des membres à l’intérieur de celui-ci. C’est donc dans ce but que nous travaillons les habiletés sociales à travers ce projet.
Le Programme de formation de l'école québécoise
L'éducation préscolaire
Au préscolaire, il faut travailler davantage la base avec eux, puisque l’école est quelque chose de nouveau pour eux. Ils doivent s’adapter à un groupe plus nombreux d’enfants de leur âge et dans un milieu qu’ils ne connaissent pas beaucoup. Souvent, ils ne se connaissent pas entre eux et ils ne connaissent pas beaucoup l’enseignante avec qui ils passeront leurs journées. Il faut apprendre aux élèves à tenir compte de l’autre et à comprendre l’importance des règles de vie pour avoir un bon climat de classe et de bonnes relations avec les pairs. C’est aussi généralement à la maternelle que les enfants commencent à prendre des responsabilités (MELS, 2016). Ils apprennent tranquillement à partager et à collaborer les uns avec les autres. Ils comprennent aussi que les autres ont des sentiments, des émotions et des intérêts différents des leurs. Les jeunes élèves apprennent que les comportements qu’ils ont envers les autres peuvent avoir des conséquences et ils posent des gestes qui favorisent de bonnes relations (MELS, 2006). Cependant, pour réussir à faire cela, l’enseignante doit tout d’abord enseigner les comportements souhaités, encourager les élèves et leur permettre de travailler ces comportements. Les habiletés sociales font partie intégrante du programme d’éducation préscolaire. Il s’agit de la compétence 3, soit Interagir de façon harmonieuse avec les autres (MELS 2006). Mary Louise Hemmeter, dans l’article écrit par Barriault (2016), affirme qu’« il est troublant de penser que nous expulsons des élèves du préscolaire parce qu’ils ne savent pas comment bien se comporter avec les autres, quand le préscolaire est justement l’endroit où ils vont apprendre à le faire.»
L'enseignement primaire
Pour tous les autres niveaux du primaire, les habiletés sociales sont en lien avec la 8e compétence transversale, soit «coopérer» (MELS, 2006). Nous nous intéressons alors davantage aux relations interpersonnelles des élèves. Dans les attentes du Programme de formation à l’école québécoise, au début du primaire l’élève sera en mesure de fonctionner dans la structure d’un travail d’équipe simple. Tranquillement, l’élève viendra à être en mesure de communiquer davantage ses idées, il accueillera également de plus en plus les idées des autres et viendra à s’adapter aux modifications nécessaires. Plus vieux, les élèves prennent conscience de leurs réactions dans les situations conflictuelles et sont en mesure de déterminer par eux-mêmes les comportements qui facilitent leurs relations. Vers la fin du primaire, les élèves sont en mesure de s’engager dans des actions pour aider leurs pairs et ils sont également en mesure de nommer les avantages du travail en coopération et de reconnaître des réalisations faites grâce à celui-ci. (MELS, 2006) Pour en venir là, les élèves doivent apprendre comment gérer simultanément leur comportement, leurs émotions et leurs capacités cognitives afin d’entretenir des relations harmonieuses avec leurs pairs. (MELS, 2015). Ce n’est pas une mince tâche pour des élèves du primaire.
La classe comme société
De notre côté, en tant qu’enseignant, il est donc de notre devoir de les outiller le plus possible afin qu’ils soient en mesure de développer leurs habiletés sociales. «Toutes ces habiletés dites sociales sont à la base d’une approche éducative positive qui aide les enfants à devenir des adultes capables de gérer leurs relations interpersonnelles sans atteinte à autrui» (Hubert, 2015). La classe est un endroit privilégié pour encadrer ces relations et pour enseigner des habiletés sociales (MELS, 2015). De bonnes habiletés sociales sont également associées à une meilleure performance dans le milieu scolaire, tout comme dans le milieu du travail (Centre for Innovations in Education - CISE, 2005). À l’inverse, «le manque d’habiletés sociales et la difficulté à exprimer ses émotions provoquent souvent des comportements inadéquats» (Ouellet et L’Abbé, 1986). La gestion des comportements d’indiscipline en classe occasionne souvent de la frustration chez les enseignants (Carson, Plemmons, Templin et Weiss, 2011) et beaucoup de perte de temps d’enseignement (Marzano et Toth, 2013). Le manque d’habiletés sociales peut aussi entrainer de la difficulté à s’intégrer à l’école et à se faire des amis pour les enfants. (Leclair Arvisais, 2014)